L’huile de palme est l’huile végétale la plus consommée sur la planète, sa culture devenue industrielle en fait également l’une des principales causes de déforestation dans le monde. Elle s’est imposée partout dans notre quotidien : alimentation (pâtes à tartiner, biscuits, plats préparés, etc.), carburants, cosmétiques (dentifrices, shampoings, savons, etc.), produits d’entretien (liquide vaisselle, etc.), vêtements… Elle est même présente dans certains fourrages pour animaux ! Selon Amnesty International, plus de la moitié des produits vendus dans les supermarchés en contiennent.

Entre 2004 et 2010, les terres dédiées à l’huile de palme ont doublé au Brésil. Le gouvernement souhaite encore multiplier par deux la production d’ici 2025 afin de concurrencer l’Indonésie et la Malaisie. Ces deux pays fournissent 85% de la production mondiale. Les palmiers à huile poussent rapidement et facilement et leurs fruits peuvent être récoltés toute l’année. Leur rendement au km2 est plus élevé que toutes les cultures d’oléagineux. C’est pourquoi ils ont tant de « succès ».

Entre 2000 et 2012, 60 000 km2 de forêts ont été rasés pour planter des palmiers à huile en Indonésie, cela représente une surface de la taille de l’Irlande. Ce « défrichage » libère non seulement de grandes quantités de COdans l’air, mais il réduit aussi la taille de ces forêts tropicales, poumons de la Terre, et participe à la hausse des températures mondiales. En 2012, l’Indonésie devient même le leader mondial de la déforestation en rasant plus d’arbres que le Brésil. La disparition de la forêt est un véritable désastre écologique sur ces terres qui abritent 1 espèces de plantes sur 10 et 1 espèce d’oiseaux sur 7.

Sur l’île de Bornéo, la déforestation menace directement l’habitat naturel des orangs-outans. Avec le braconnage, elle a causé en 16 ans la disparition de 150 000 orangs-outans. La moitié de ces primates en voie d’extinction ont disparu depuis 1999 sur Bornéo.

Outre les orangs-outans, d’autres espèces de primates sont menacées : chimpanzés, mandrills, lémuriens de Madagascar, mangabeys à crête, etc. La faune locale de ces pays tropicaux ne peut pas survivre dans des monocultures créent par l’Homme. Au total, les plantations de palmier menacent 193 espèces animales en danger d’extinction ou en danger critique d’extinction.

La demande internationale d’huile de palme est tellement élevée qu’il faudra probablement qu’elle se développe sur le continent africain. Elle menacera dès lors la biodiversité locale ainsi que la qualité de la terre. En effet, les racines des palmiers à huile pompent de grandes quantités d’eau et détruisent les sols.

La vérité sur l’huile de palme « durable »

Ferrero et Nestlé se targuent d’utiliser de l’huile certifiée par l’organisation RSPO, c’est-à-dire que les cultures de palmiers à huile doivent respecter l’environnement et les populations locales. Mais ces labels sont-ils fiables ?

En réalité, ces petits logos promouvant une huile de palme « responsable », « durable » ou « zéro déforestation » sont des outils mis en place par les industriels pour les industriels. Leur principal atout ? Ils déculpabilisent les consommateurs qui pensent acheter un produit respectant l’environnement.

Dans les faits, ça n’est pas la culture de l’huile de palme qui pose problème, mais sa surconsommation qui engendre une culture industrielle. Or, les labels ne nous poussent pas à consommer moins d’huile de palme : la certification engendre une augmentation de l’importation. 50% des importations mondiales d’huile de palme sont réalisés par l’Union européenne. 74% de cette huile provient de Malaisie et d’Indonésie et 45% sont utilisés pour fabriquer du biodiesel.

De plus, ces labels verts ne certifient pas grand-chose… Le rapport de la fondation Changing Markets, publié en mai 201,8 révélait qu’aucune certification en vigueur n’avait réussi à enrayer la déforestation, le drainage des tourbières ou la perte de la biodiversité. D’ailleurs, les conditions d’obtention sont très floues et peu contraignantes. Chaque label à sa propre interprétation du mot « durable » et peut créer ces propres critères. Ainsi, derrière l’inscription « zéro déforestation », peut très bien se cacher l’abattage d’arbres dans les forêts secondaires. Dans ce cas, seules les forêts primaires sont préservées.

En 2016, plusieurs ONG, dont Greenpeace, ont établi l’approche High Carbon Stock, qui permet d’identifier les forêts qui doivent être préservées de la culture des palmiers à huile. Ainsi, il « suffit » que cette approche fasse partie du cahier des charges pour que la politique « huile de palme durable » soit reconnue par les ONG signataires. Le fait qu’une entreprise qui utilise de l’huile de palme soit reconnue par Greenpeace n’est donc pas un gage d’une huile de palme totalement « verte ».

Reprenons l’exemple de la certification RSPO (Roundtable On Sustainable Palm Oil, c’est-à-dire « Table ronde pour une huile de palme durable ») : elle est attribuée à 19% de la production mondiale d’huile de palme, c’est même devenu LA référence en la matière. Ce label propose trois niveaux « d’engagement ».

  • RSPO Segregated : c’est la certification la plus exigeante. L’huile de palme doit respecter l’ensemble du cahier des charges de la Roundtable. Reste à savoir de quelles charges on parle.
  • RSPO Mass Balance : c’est le niveau intermédiaire. Cela atteste qu’une partie seulement de l’huile de palme utilisée respecte le cahier des charges.
  • RSPO Green Palm : c’est la certification la plus faible. Elle signifie juste que l’entreprise a versé de l’argent à la Roundtable pour soutenir ses actions, mais en aucun cas qu’elle fait des efforts sur l’huile de palme qu’elle utilise, même si elle affiche un logo « vert ».

Mon petit mot sur le sujet : même si certains industriels prétendent utiliser de l’huile de palme « durable », car ils « veillent » à ce que des zones précieuses ne soient pas déforestées par leurs producteurs, il ne faut pas oublier qu’ils utilisent de l’huile de palme venant de cultures industrielles ayant provoqué de la déforestation et la disparition de nombreux animaux sauvages, il y a quelques années. C’est un peu facile de venir prétendre, des années après s’être créé un stock de palmiers à huile au détriment de la vie sur terre, utiliser de l’huile de palme « durable ».

Comment agir ?

Il devient indispensable de diminuer notre consommation d’huile de palme. Supprimer les produits préparés de vos placards et de votre frigo, vous permettra déjà de réduire grandement cette consommation. Cependant, il est presque impossible de s’en passer complètement, à moins de se déplacer autrement, car l’huile de palme contenue dans les carburants nous est imposée.

Faites entendre votre voix. Effectivement, les pétitions n’aboutissent pas toujours, cependant, lorsqu’on vous donne l’opportunité de vous exprimer et de vous faire entendre, saisissez-la.

Attention, de plus en plus d’industriels remplacent l’huile de palme par de l’huile de coprah. Si la demande pour cette huile augmente comme celle de l’huile de palme, la culture des cocotiers pourrait devenir aussi désastreuse que celle des palmiers.