Les déchets cachés

Pour nous, consommateurs, les déchets ce sont les emballages que nous jetons, les objets dont nous n’avons plus l’utilité, des vêtements qui sont abîmés, des meubles cassés qui partent à la poubelle, etc. Pourtant, si nous regardons la définition légale du mot déchet, nous nous rendons compte que nous générons peut-être plus de déchet que nous ne l’imaginons.

« Est considéré comme un déchet tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit, ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que le détenteur destine à l’abandon »

Article L.541-1-1 du Code de l’environnement

Et s’il existait en réalité des déchets cachés générés par les biens que nous achetons ? Dans les faits, toutes les étapes de la vie d’un objet génèrent des déchets, de l’extraction des matières premières nécessaires à la production, du transport à son utilisation jusqu’à sa fin de vie de l’objet où il devient lui-même un déchet et où il génère encore des déchets, qu’il soit recyclé, incinéré ou enfoui. Le déchet que nous jetons à la poubelle est donc l’arbre qui cache la forêt (eh oui, c’est une bien jolie métaphore pour parler de détritus). Ces déchets cachés sont aussi appelés « Sac à dos écologique », car ce sont tous les déchets qu’un objet « trimballe » derrière lui.

En moyenne, on peut estimer que les 354 kg d’ordures ménagères que génère un Français chaque année représentent en réalité 2500 kg de déchets industriels, 11 300 kg de matières premières extraites et 35 000 kg de ressources naturelles exploitées. Ces déchets du quotidien ont donc un réel coût pour l’environnement.

Je vous avais déjà parlé des déchets cachés dans mon article sur les brosses à dents écologique. Je vais donc reprendre cet exemple. Pour fabriquer une brosse à dents, les industrielles extraient du pétrole des sols afin de le transformer en granulats de plastiques. Cette action génère des gaz à effets de serre, mais aussi des gravats, ce sont donc les premiers déchets engendrés par la production de brosses à dents. Ensuite, les granulats de plastiques sont moulés afin de former le manche et les poils en nylon. Vous vous en doutez, cette étape génère à nouveau des résidus. Les brosses à dents sont conditionnées et transportées sur des palettes elles-mêmes emballées dans du film plastique qui ne servira qu’une fois (souvent, les palettes, elles aussi, partent à la poubelle, pourquoi les réutiliser ? Franchement, on se pose la question, c’est mieux les palettes à usage unique, parce que voyons on n’est plus à ça près). Une fois la brosse à dents achetée, nous jetterons l’emballage qui l’entourrait à la poubelle et finalement, nous nous débarrasserons également de cette brosse à dents après trois mois d’utilisation. Bilan : pour une brosse à dents qui pèse en moyenne 30 g, nous aurons généré 1.5 kg de déchets cachés. Et c’est loin d’être le pire exemple.

Si chaque produit que nous achetons génère bien plus de déchets que ce que nous avions imaginé, cela signifie également chaque déchet que nous ne produisons pas à un impact bien plus positif que nous le pensions. Reprenons l’exemple de notre brosse à dents et faisons un petit calcul. Si nous optons pour une brosse à dents à tête interchangeable, au lieu de générer 30g de déchets visibles tous les trois mois et 1.5 kg de déchets cachés, nous n’aurons plus qu’à remplacer la tête qui pèse en moyenne 2 g*. Une rapide règle de trois nous permet d’estimer que cette tête de brosse à dents génère 100 g de déchets cachés, soit 15 fois moins qu’une brosse à dents classique.

Nous pouvons donc facilement réduire TOUS les déchets dont nous sommes responsables en adoptant des habitudes et des alternatives zéro déchet. Chaque geste compte, ça n’a jamais été aussi évident qu’avec cet exemple de la brosse à dents : un si petit bout de plastique qui ne pèse que 30 g et qui génère pourtant 1.5 kg de déchets cachés.

*Si c’est une brosse à dents de la marque Lamazuna comme moi