Le blaireau est un véritable bouc émissaire : c’est l’animal qui peut être chassé sur la période la plus longue en France. La vénerie sous terre est une chasse très cruelle, car elle consiste à acculer l’animal dans son propre terrier avant de l’en extirper et de l’abattre.

Mais qui est le blaireau ? Que lui reproche-t-on ? On vous explique tout.

Blaireau, qui es-tu ?

Le blaireau est un mammifère remarquable pouvant atteindre 70 cm de long (sans compter sa queue qui mesure une vingtaine de centimètres) pour 30 cm de haut. Il est majoritairement nocturne, c’est-à-dire qu’il se déplace et se nourrit principalement lorsqu’il fait nuit. Si sa vue est mauvaise, son odorat est 700 x supérieur au nôtre. Ce cousin du castor trapu et court sur pattes est un incroyable terrassier. Il creuse généralement son terrier dans une pente afin d’évacuer facilement les déblais.

Le blaireau est un animal tolérant au caractère discret et farouche. Il accueille dans son grand terrier une famille généralement composée d’une demi-douzaine d’individus. La porte est également ouverte à ses cousins mustélidés (putois, fouines, martres), et même aux renards ! Le terrier, composé de nombreuses chambres et tunnels, se transmet de génération en génération.

Cet animal inoffensif ne présente aucun danger direct pour l’Homme, même si vous pouvez parfois le croiser la nuit. Le blaireau mange essentiellement des vers de terre et des végétaux (fruits, céréales, tubercules, champignons). Quelques taupes, des petits rongeurs, des œufs et des insectes peuvent compléter son régime alimentaire. Pourtant, cet animal attachant est toujours chassé en France. Comme tous les animaux, le blaireau a son utilité et sa disparition perturberait toute la chaine alimentaire qui pourrait être déséquilibrée de manière irréversible.

Depuis plusieurs années, les pétitions se multiplient afin de protéger les blaireaux qui font l’objet d’une chasse inutile et cruelle. La pression sur ces animaux est de plus en plus forte et les populations sont fragilisées, c’est d’ailleurs ce qu’indique le conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité « les activités humaines, chasse, piégeages, pratiques sylvicoles, modifications du paysage et des pratiques agricoles réduisent les habitats du blaireau, qui paye également un lourd tribut à la circulation automobile ». « Le blaireau n’est pas une espèce prolifique, elle est d’ailleurs incapable de pulluler » précise la fédération française France Nature Environnement. En effet, les blaireaux auto-régulent leur population en fonction des ressources en nourriture disponibles, comme le font de nombreuses espèces.

Si, en France, la population des blaireaux est considérée comme stable, cette espèce reste fragilisée par l’expansion urbaine, l’agriculture conventionnelle, le trafic routier et la chasse. C’est pour cette raison que ce petit animal noir et blanc est protégé dans de nombreux pays (Espagne, Grande-Bretagne, Belgique, Italie, Pays-Bas, Irlande, etc.).

Que reproche-t-on aux blaireaux ?

Il fait des dégâts sur l’agriculture

L’excuse principale utilisée pour chasser les blaireaux est qu’ils sont à l’origine de dégâts sur l’agriculture.

Pourtant, si les blaireaux peuvent faire quelques dégâts très minimes dans les champs de maïs, on oublie facilement que ce sont de véritables adjuvants pour les fermiers. En effet, ces animaux se nourrissent de nombreux vers blancs. Si leur aide n’est pas souhaitée, il est facile de leur bloquer l’accès au champ grâce à l’installation d’un fil à 15 cm de hauteur. Les répulsifs se sont également révélés très efficaces pour les faire fuir.

Soulignons que les éventuels dégâts réalisés par les blaireaux sur l’agriculture sont sans commune mesure avec ceux causés par une harde de sangliers : sangliers régulièrement élevés par les chasseurs eux-mêmes…

Il affaiblit la stabilité des sols

Le blaireau est accusé d’affaiblir la stabilité des sols, car il creuse des terriers. En réalité, la plupart de ces tanières sont réalisées dans la forêt ! Elles ne sont donc pas réellement un problème.

Si ces terriers sont vraiment gênants, il suffit de faire fuir ceux qui y vivent en déposant à l’intérieur des tissus imbibés de répulsif et de reboucher les trous. À aucun moment, il n’est nécessaire de tuer les habitants de cette tanière. De plus, le fait de creuser pour déterrer les blaireaux qui se sont installés dans ces terriers fragilise bien plus les sols ! Pendant les véneries sous terre, ce sont de véritables tranchées qui sont creusées par les chasseurs.

Les Pays-Bas sont la preuve que la cohabitation avec les blaireaux est possible. Dans ce pays, les digues sont essentielles : pourtant les blaireaux, accusés chez nous d’affaiblir les sols, ont été classés comme espèce protégée. 

C’est un vecteur de maladies

Comme c’est souvent le cas pour les espèces sauvages, le blaireau est accusé d’être un vecteur de maladies. Certains affirment qu’il propagerait la tuberculose bovine : une maladie quasiment éradiquée depuis 2001.

Les campagnes d’abattages des blaireaux n’ont à aucun moment permis de stopper la propagation de la maladie. Le contrôle de celle-ci passe plutôt par des mesures sanitaires strictes et le suivi directement dans les élevages, puisque la transmission se fait lorsque le bétail est transféré d’une ferme à l’autre sans encadrement sanitaire.

Une chasse cruelle

Le blaireau n’a aucun répit : il est chassé pendant 9 mois et demi alors qu’il n’est même pas classé comme « nuisible » ! Si cette chasse est autorisée de la mi-septembre au 15 janvier, dans 74 départements français, sur simple volonté du préfet, cette pratique peut commencer dès le 15 mai. À cette période, les blaireautins sont encore dépendants de leur mère et de leur groupe social.

Pendant cette chasse cruelle, ces animaux sont acculés au fond de leur terrier. Ils n’ont aucun moyen de s’échapper et les galeries qui devaient leur offrir un abri deviennent un gigantesque piège qui se referme sur eux. Les animaux restent parfois plusieurs heures au fond de leur terrier, stressés par les aboiements des chiens et les cris des chasseurs qui les encouragent à creuser. Une fois déterrés, les blaireaux et leurs petits sont sortis avec des pinces métalliques. Les adultes sont tués à coup de dague ou de barre à mine. Les plus jeunes sont généralement dépecés vivant par les chiens. Les survivants sont achevés à coup de talon ou de pelle. Une longue agonie pour ces animaux pourtant inoffensifs… Nous sommes au 21e siècle et cette pratique est totalement légale. Les chasseurs vont chercher ces animaux là où ils sont, au fond de leur terrier, leur laissant peu de chance de s’échapper.

« Ainsi bat le cœur de la France, au rythme des coups de fusil, de pioches, de pièges qui exterminent méthodiquement et cruellement ce qu’il reste du vivant, simplement pour le plaisir, ce sentiment qui permet tout, avec la bénédiction de la grande majorité de nos élus qui ne cherchent que des soutiens électoraux et n’ont cure de l’intérêt général, des critiques citoyennes et de la biodiversité. » Christophe Magdelaine

Il n’est jamais facile pour moi d’écrire ce genre d’article. La cruauté de l’Homme et l’injuste que subissent ses animaux me rendent malade. Mais je pense que nous ne devrions pas fermer les yeux sur ces pratiques qui se déroulent justement loin des regards et des habitations. Il n’y a qu’en acceptant de voir ce qui ce passe dans ce monde que nous pourrons agir pour faire changer les choses.

Afin de faire entendre votre voix, signez cette pétition afin que, comme dans de nombreux autres pays, le blaireau obtienne le statut d’espèce protégée et que cette chasse cruelle et non justifiée cesse.