Ceux qui me connaissent bien connaissent également mon amour inconditionnel pour les renards. Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler de cet animal extraordinaire considéré à tort comme un nuisible par certain. Il y a une chose importante que vous devez savoir et que vous devez retenir à propos des renards : parmi toutes les études réalisées, aucune n’a démontré que le renard était un nuisible, elles ont même démontré l’inverse… mais ça, je vous l’expliquerai plus en détail plus loin dans l’article.
Renard, qui es-tu ?
Le renard appartient à la famille des canidés comme le chien et le loup. Si on compte 15 espèces dans le monde, c’est celle du renard roux qui est la plus connue et répandue. Il fait la taille d’un gros chat et pèse entre 5 et 7 kilos. Les renards sont des animaux fins et agiles, qui ont une remarquable capacité d’adaptation : ils semblent à l’aise dans tous les milieux. Ils ont une bonne mémoire et des sens très développés qui leur permettent de trouver des proies, de se prémunir du danger et de communiquer avec leurs semblables.
Chaque renard a son propre domaine vital, qui comprend des zones de repos diurnes ainsi que des sites riches en proies. La taille de ce domaine varie en fonction des ressources disponibles. Le pic d’activité du renard se déroule essentiellement pendant la nuit, quand il part à la recherche de nourriture. Le renard est un opportuniste, il mange ce qu’il trouve : c’est à la fois un prédateur, un charognard, un pilleur de poubelles et un amateur de fruits.
Les renards se reproduisent une fois par an et donnent naissance à leurs petits au printemps, lorsqu’il est plus aisé de trouver de quoi se nourrir. Pendant les 4 premières semaines, les renardeaux restent dans le terrier et sont allaités par la mère. Le couple reproducteur élève les petits, et il est parfois aidé par d’autres individus. À 9 semaines, les renardeaux commencent à suivre les adultes pendant leurs pérégrinations nocturnes. En été, les petits s’émancipent progressivement pour finalement quitter le groupe en automne. On a longtemps cru que les renards étaient des animaux solitaires, car ils se déplacent et trouvent leur nourriture seuls. En réalité, ils ont une vie sociale discrète et dans la plupart des milieux, ils vivent en groupe.
Si les ressources présentes sont suffisantes, deux groupes de renards peuvent se tolérer. C’est moins coûteux en énergie d’accepter ses voisins que de chasser un intrus. Les potentiels liens de parenté entre deux groupes peuvent également expliquer cette tolérance réciproque.
Accusations
À cause de son intelligence, le renard a souvent été utilisé dans les livres pour illustrer la ruse. Et si cette qualité d’adaptation devrait être admirable, on l’a souvent transformé en quelque chose de négatif, attribuant au renard de mauvaises intentions. Il a souvent été utilisé pour illustrer des voleurs fourbes, comme dans la fable de la fontaine ou « Le roman de Renart ». Aujourd’hui, cet animal souffre toujours d’une mauvaise image et est considéré par certains comme un nuisible.
Que reproche-t-on aux renards ? Pourquoi sont-ils les boucs émissaires des chasseurs ?
Le tueur de poules
Il est vrai que parfois, un renard s’introduit dans un poulailler et massacre plusieurs poules. En voyant qu’il n’en a emporté qu’une ou deux, on pense souvent que cette sale bête a fait ça juste pour le plaisir de tuer, qu’elle s’est laissée emporter par une pulsion démoniaque. Cette interprétation est pourtant loin de la réalité…
Les renards doivent chercher quotidiennement leur nourriture. Ce sont des animaux intelligents à l’instinct développé. Comme les écureuils qui cachent des noix à plusieurs endroits avant l’hiver, ils peuvent faire des réserves pour se préparer à affronter des périodes où la nourriture se fait plus rare. Mais pourquoi laisse-t-il des poules derrière lui dans ce cas ? Quand le renard trouve une source importante de nourriture, il tue un maximum de proies afin de les stocker et de les manger plus tard. Mais souvent, il manque de temps pour transporter toutes ces victuailles dans ses cachettes. Ces dernières peuvent également être trop éloignées ou trop petites pour contenir toute la nourriture dégottée. Il se peut que le renard soit dérangé par l’arrivée du propriétaire ou de son chien, il prend alors la fuite, laissant derrière lui les poules qu’il n’a pas pu emporter.
Comment protéger ses poules ?
Si vous avez un poulailler, c’est donc votre rôle de protéger vos poules des renards, tout comme vous les protégez du soleil et de la pluie en leur fournissant un abri, comme vous les protégez aussi des parasites en nettoyant votre poulailler régulièrement. Les renards sont là, c’est un fait : ils font partie des prédateurs naturels de vos poules. Alors, n’attendez pas d’avoir une mauvaise surprise pour mettre vos poules à l’abri. Voici quelques conseils afin de protéger vos poules :
- Vérifiez régulièrement l’état de votre clôture.
- Enterrez votre clôture. Les renards creusent les terriers où ils dorment, vous imaginez bien que ce n’est pas votre grillage au ras du sol qui va les empêcher de rentrer dans votre poulailler. Choisissez donc un grillage solide et enterrez-le sur 30 ou 40 centimètres.
- Les renards savent grimper. Posez un grillage assez haut et recourbez la partie supérieure vers l’extérieur en formant un angle d’environ 30° afin qu’ils ne puissent pas escalader votre clôture.
- Fermez votre poulailler tous les soirs, quelle que soit la saison.
- Optez pour un système de fermeture de qualité, évitez les simples crochets. Comme je vous l’ai dit, les renards sont intelligents, ils comprendront vite comment faire pour ouvrir la porte s’il leur suffit de gratter pour faire sauter le crochet.
- Vous avez un chien ? Posez des touffes de poils le long du grillage. Les renards sont sensibles aux odeurs, en humant celle d’un prédateur, vous augmentez vos chances qu’ils évitent l’endroit.
Le porteur de rage
Certes, jusqu’à la fin du 20e siècle, la rage a fait de nombreux ravages en Europe, mais accuser les renards serait réducteur. Si la rage peut encore faire des victimes dans certains pays, en Europe occidentale, le dépôt d’appâts antirabiques a permis de réduire drastiquement la présence de la maladie chez les renards (en France, la rage vulpine est éradiquée depuis 2001). De plus, nos amis goupils ne sont pas les seuls animaux pouvant être porteurs de la rage. Les éliminer ne permettrait donc en aucun cas de faire disparaître miraculeusement la maladie.
Attention : les renards peuvent être porteurs de maladies comme tous les animaux sauvages. En cas de morsure, nettoyez la plaie, consultez un médecin et ne négligez pas les soins.
Les chasseurs aiment prétendre qu’ils chassent les renards, car ils transmettent l’échinococcose (faute de pouvoir dire qu’ils le font à cause de la rage). Cette maladie est provoquée par un ver qui s’implante dans leur système digestif et s’y reproduit. L’échinococcose est transmissible à l’homme par le biais d’aliments contaminés par des excréments d’animaux malades. Pourtant seuls 15 cas (en moyenne) sont déclarés chaque année dans l’Hexagone. C’est beaucoup moins que les 500 000 cas de personnes contaminées par la maladie de Lyme chaque année (maladie contre laquelle les renards luttent activement). Faut-il donc massacrer les renards pour prémunir des risques de transmission de l’échinococcose, alors que la réduction de leur effectif augmente considérablement les risques de transmission de la maladie de Lyme ?
L’éventreur de poubelles
En effet, les renards sont des opportunistes. Un sac poubelle qui traine sur le trottoir ? Il ne se gênera pas pour l’éventrer afin de récupérer la nourriture qu’il a sentie, surtout dans les villes. Les renards ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’en prendre aux sacs poubelles : les chiens et les chats peuvent également être attirés par ce que vous avez jeté. Certes ce n’est pas très agréable de découvrir le matin les ordures éparpillées sur le trottoir, mais ces désagréments pourraient facilement être évités : il suffit de jeter les sacs poubelles dans des containers dans les zones concernées.
Il est inutile de chasser les renards
Les études l’ont démontré : quand un renard disparait dans une zone, il est remplacé par un autre. Les renards vivent sur des territoires qui peuvent se chevaucher. Lorsqu’un renard est tué ou meurt, les congénères et les groupes présents sur les territoires voisins se répartissent la zone afin d’éviter qu’un renard qu’ils ne connaissent pas et qui pourrait représenter un danger ne vienne s’installer à côté de chez eux. Parfois c’est un renard à la recherche d’un territoire (jeune ayant quitté sa mère par exemple) qui s’y installe. Quoi qu’il en soit, la zone ne restera pas vide et la perte d’un individu sera compensée par la naissance d’un autre.
Pourquoi les renards sont utiles ?
Comme tout animal, le renard a son rôle à jouer dans la chaine alimentaire. Il permet notamment de maintenir la population des rongeurs à un taux assez bas. C’est un avantage tant en ville où les rongeurs peuvent être un véritable fléau qu’à la campagne où ces petits animaux peuvent occasionner de gros dégâts sur les cultures. Les rongeurs sont aussi des porteurs de maladies, en tuant les renards, on augmente le nombre d’individus contaminés, car leur population n’est plus régulée et donc le risque de transmission augmente… En chassant les renards en prétextant que c’est pour éviter la propagation des maladies, on obtient donc exactement l’inverse du résultat attendu.
Les études ont également montré que la présence du renard réduisait fortement le nombre de tiques dans les régions où il se trouve, car ils mangent les rongeurs et les lapins sur lesquels viennent s’accrocher ces arachnides acariens. De plus, la présence des renards diminue les déplacements des proies et donc le nombre d’hôtes possible pour les tiques. Les tiques sont responsables de la maladie de Lyme chez l’homme. Les êtres humains sont donc moins touchés par cette pathologie dans les régions où il y a des renards.
Arrêter la chasse aux renards
Après la collision avec les véhicules, la chasse est la deuxième cause humaine de décès chez les renards. Cela fait de nombreuses années que le prix de la fourrure des renards a fortement diminué. Aujourd’hui, les pauvres goupils sont chassés uniquement pour le plaisir. Difficile de croire que les chasseurs ignorent les études démontrant que les renards ne sont pas des nuisibles au vu du nombre d’articles publiés sur le sujet et des multiples interventions des associations pour faire cesser ce massacre. Quant à ceux qui prétendent le faire pour le sport, on se demande où est le défi quand on chasse la nuit avec des lunettes infrarouges ou quand on utilise des armes redoutables contre un animal qui pèse 7 kilos tout mouillé. C’est sans parler de la vénerie sous terre qui consiste à lancer les chiens derrière les renards jusqu’à ce que ceux-ci soient acculés dans leur terrier. Ne reste plus qu’au grand sportif de l’extrême de sortir la bête de son trou avec des pinces et de l’achever.
Les dégâts causés par les renards peuvent facilement être évités comme je l’ai expliqué plus haut dans l’article. Les bénéfices engendrés par leur présence sont bien supérieurs à tous les désagréments dont ils peuvent être responsables : ils protègent les cultures des ravages causés par les rongeurs et limitent les risques de transmission de maladies pouvant être dangereuses pour l’Homme. Il serait grand temps que le gouvernement français interdise la chasse aux renards, mais il semblerait qu’il préfère se mettre le lobby de la chasse dans la poche au lieu de stopper le massacre cruel d’animaux innocents…
Vous souhaitez agir ? Signez cette pétition créée par l’Association pour la protection des animaux sauvages, l’association de Rémi Gaillard et One Voice. N’oubliez pas de valider votre signature par le biais du mail qui vous sera envoyé afin qu’elle soit prise en compte.