Commençons par une définition : le gaspillage alimentaire c’est toute la nourriture qui était destinée à la consommation humaine et qui, à une des étapes de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée ou dégradée. Ce gaspillage ne comprend pas les déchets alimentaires inévitables comme les os, les coquilles d’œufs, ou peaux de bananes.

Du champ à l’assiette, le gaspillage alimentaire en France c’est 10 millions de tonnes de nourriture jetée chaque année. 1/3 des aliments produits dans le monde finissent à la poubelle, une véritable aberration quand 800 millions de personnes sont sous-alimentées sur Terre (soit 1 personne sur 6). C’est autant de ressources (espaces agricoles, énergie, engrais, pesticides, eau, etc.) qui sont utilisées en inutilement. Le gaspillage alimentaire a un véritable impact sur l’environnement : utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, pollution liée à la destruction des aliments, à leur transport, etc. En France, il représente 7% des émissions nationales de gaz à effet de serre.

Comment se répartit le gaspillage alimentaire ?

Producteurs : 32% Cela concerne souvent des produits abîmés ou non conformes, mais le gaspillage alimentaire est également généré par la surproduction. Les céréales peuvent être abandonnées dans les champs et les fruits et légumes méthanisés (utilisés pour faire de l’énergie) parce qu’ils sont jugés moches ou qu’ils ne correspondent pas aux calibres recherchés. Ils sont pourtant consommables, ils pourraient donc être vendus ou transformés. Des pommes, par exemple, peuvent être utilisées pour faire de la compote ou du jus de fruits.

Transformateurs : 21% Des emballages sont endommagés et la préparation des repas cuisinés engendre des pertes.

Transporteurs et distributeurs : 14% Il peut y avoir des ruptures de la chaine pendant le transport, mais également chez le distributeur, des mauvaises manipulations, des invendus. Chez les revendeurs, de nombreux produits finissent à la poubelle, car ils ne correspondent plus aux critères esthétiques recherchés ou ne sont plus « assez frais ». Ils sont parfois détournés et utilisés pour l’alimentation animale, ce qui permet de réduire l’impact sur l’environnement, mais qui constitue tout de même un gaspillage alimentaire.

Restaurateurs : 14% Le gaspillage alimentaire est généré par des repas non finis et mauvaise gestion des quantités et des stocks.

Consommateurs : 19% Les produits périmés et les restes jetés à la poubelle représentent 29 kilos de nourriture par an et par personne. Jeter des aliments c’est également jeter de l’argent, en France ce gaspillage alimentaire équivaut à 108€ qui partent à la poubelle (par an et par personne). 24% restes de repas, 24 % fruits et légumes, 20% produits entamés, 18% produits non déballés, boissons, liquides alimentaires, 14% pains

Nous sommes tous responsables du gaspillage alimentaire. Il est donc indispensable que chacun prenne ses responsabilités et agisse.

Comment limiter le gaspillage alimentaire ?

Les courses sont la première étape durant laquelle vous devez être attentif si vous souhaitez réduire le gaspillage alimentaire de votre foyer.

  • Réfléchissez à vos menus de la semaine : en établissant à l’avance les menus pour la semaine, vous gagnerez non seulement du temps, mais vous limiterez surtout le gaspillage, car vous n’achèterez que ce dont vous avez besoin.
  • Rédigez une liste : avant de partir, vérifiez vos stocks, cela vous évitera de vous retrouver avec trop de tomates que vous n’aurez pas le temps de consommer. Inscrivez ce qu’il vous manque et ce dont vous avez besoin.
  • Posez-vous les bonnes questions : les promotions sont souvent source de tentation. Avant de vous précipiter, interrogez-vous. Allez-vous réellement manger ce pack de 16 yaourts alors que vous vivez seul ? Ne risquent-ils pas de partir à la poubelle ? Cette promo est-elle vraiment une bonne affaire ?
  • N’allez pas faire vos courses si vous avez faim : si vous n’avez pas mangé et que vous allez faire vos courses alors que votre ventre gargouille, vous allez certainement acheter plus que nécessaire. Résultat, une partie de vos achats nourrira votre poubelle.
  • Commencez par les produits secs : pour conserver longtemps vos aliments, il est important de respecter la chaîne du froid pour limiter le développement bactérien. Quand vous faites vos courses, commencez par les produits secs et terminez par les produits frais et les surgelés. N’oubliez pas de vous munir d’un sac isotherme, surtout en été.
  • Faites attention lorsque vous emballez vos courses : retenez cette règle de base : plus un produit est fragile et léger, plus il doit être rangé au-dessus du panier. Évitez de mettre les tomates, les chips ou les œufs sous les bouteilles de lait, sinon le gaspillage sera inévitable.

Le rangement est la deuxième étape qui vous permettra d’organiser votre cuisine afin limiter le gaspillage alimentaire.

  • N’oubliez pas la rotation des stocks : quand vous faites un tri dans vos placards ou dans votre frigo, vous redécouvrez certainement des produits. On a tendance à oublier les produits qu’on ne voit pas, résultat, ils s’abiment et finissent à la poubelle. Imposez-vous cette règle : premier arrivé, premier parti. Quand vous rentrez des courses, prenez le temps de placer les nouveaux aliments derrière vos produits de la semaine précédente afin qu’ils soient consommés avant d’être périmés.
  • Stockez vos produits correctement : saviez-vous que les températures varient dans votre frigo en fonction des espaces ? La partie basse est aux alentours de 6 à 10°, il vaut donc mieux y stocker les légumes. Dans la porte, vous pouvez placer le beurre, les œufs ou des boissons, mais il faut éviter d’y stocker du fromage ou des restes de repas. Le frigo n’est pas toujours votre allié pour conserver vos aliments. Tous les fruits et les légumes n’aiment pas les températures fraiches. Les fraises et les tomates sont les parfaits exemples d’aliments qui ne devraient pas être mis au frigo, car le froid leur fait perdre leurs qualités gustatives. Quant aux plantes aromatiques, elles préfèrent rester à température ambiante et avoir les pieds dans l’eau, tous comme certains légumes (poireaux, céleri, blettes, etc.). Les produits secs doivent être conservés dans des récipients hermétiques afin que l’humidité ne les endommage pas. 
  • Nettoyez vos espaces de stockage : il est indispensable de ranger vos aliments dans des contenants bien fermés et dans des espaces propres. Nettoyez régulièrement votre frigo et vos placards afin d’éviter les problèmes de mites alimentaires, les moisissures ou les mauvaises odeurs.

Une fois en cuisine, vous pouvez encore agir pour limiter le gaspillage alimentaire dont vous êtes directement responsable.

  • Cuisinez en premier les produits qui sont proches de la date de péremption : si ça semble être du bon sens, c’est pourtant une chose que nous oublions souvent de faire et qui génère du gaspillage.
  • Préparez les bonnes doses : apprenez à peser vos aliments lorsque vous cuisinez pour préparer les bonnes quantités. Avec l’expérience, vous saurez exactement quelles quantités sont nécessaires en fonction du nombre de personnes. Par exemple, comptez 100 g de pâtes ou un demi-verre de riz pour un adulte. Cela vous évitera d’avoir des restes.
  • Si vous avez des restes, ne les jetez pas : utilisez-les pour préparer une lunch-box pour le travail ou incorporez-les dans une nouvelle recette. Par exemple, un reste de purée peut être utilisé pour faire des croquettes avec un cœur coulant au fromage pour l’apéro du vendredi et les carottes râpées peuvent être incorporées dans une sauce bolognaise ou dans des nems aux légumes.
  • Apprenez à cuisiner vos « déchets » : faites de recherches, soyez curieux. Saviez-vous que vous pouviez faire du pesto avec des fanes de carottes ou de radis ? Que vous pouviez utiliser l’eau des pois chiches comme des blancs d’œuf ? Que vous pouviez faire un succulent bouillon avec vos épluchures et une carcasse de poulet ? Que vous pouviez préparer un sirop avec les queues de fraises ? N’hésitez pas à chercher des recettes, grâce à internet, elles sont accessibles du bout du doigt. Pour découvrir mes idées de « recyclages gourmands », rendez-vous ici.

Les dates de péremption peuvent faire peur et engendrent du gaspillage alimentaire. Sur les emballages on peut lire DLC ou DLUO : ces deux appellations ne signifient pas la même chose.

DLC est l’abréviation de « Date Limite de Consommation ». Elle indique une certaine limite sanitaire, l’aliment est « à consommer avant le… ». Certains produits sont encore consommables même quand cette date est dépassée, mais les industriels préfèrent parfois mettre des dates courtes pour se protéger. Un yaourt, par exemple, se conserve jusqu’à 3 semaines après sa date de péremption.

DLUO signifie « Date limite d’Utilisation Optimale », c’est-à-dire que le produit est toujours consommable et qu’il ne présente pas de danger pour la santé, mais qu’il est « à consommer de préférence avant le… ». Après cette date, il est susceptible d’avoir perdu certaines qualités : gustative, nutritive, etc. Mais ils sont toujours consommables, et ce, sans risque.

Certains aliments, comme le vrai miel, le sel, le sucre, le riz blanc ou les fruits secs ne se périment pas.